Six conseils pour que votre e-commerce survive au Brexit
Le Brexit est devenu réalité. De nombreux commerçants doivent désormais s’habituer à tenir compte de tarifs douaniers et de quantité d’autres règles. Et c’est l’e-commerce qui est ici touché de plein fouet. Les boutiques en ligne belges ne savent encore que très peu de choses sur les éléments à prendre en compte lorsqu’elles vendent à des clients situés au Royaume-Uni, note l’Unizo. Thomas Pirard de l’Unizo met en exergue les six points les plus importants.
« Les entreprises d’e-commerce qui font des affaires avec le Royaume-Uni remarquent toutes l’impact du Brexit. Dans tous les secteurs du commerce de détail imaginables. De nouvelles règles verront le jour dans les prochains mois, nous nous attendons donc à ce que les boutiques en ligne belges aient encore quelques surprises », déclare Thomas Pirard de l’Unizo. Quels sont les points auxquels prêter attention si vous commercez avec le Royaume-Uni par le biais de votre boutique en ligne ? Cette check-list vous permet de les repérer.
1. Votre produit provient-il de l’UE ?
On entend souvent dire que, grâce à l’accord sur le Brexit, le commerçant ne doit pas payer de droits d’importation. C’est exact, mais seulement si vous pouvez prouver que votre produit provient de l’UE. Cette preuve peut être un certificat d’origine, que vous mentionnez sur votre facture. Une exception importante : pour les envois de moins de 1 000 euros, vous ne devez pas prouver l’origine et vous ne devez donc pas payer de droits d’importation.
Thomas Pirard : « De nombreuses questions sont posées à l’Unizo sur ce qui détermine qu’un produit est ou non ‘d’origine européenne’. Ce n’est pas si simple, à moins, par exemple, de cultiver des pommes de terre et de les vendre directement à un client britannique. Un produit que vous importez d’un autre pays et que vous reconditionnez en Belgique pour ensuite le vendre au Royaume-Uni, ne tombe pas sous le coup des règles d’origine parce que ce reconditionnement ne suffit pas pour que votre produit soit considéré comme ‘d’origine européenne’. L’outil ROSA est très utile pour vérifier si votre produit remplit les conditions des règles d’origine. « Il n’est pas difficile de prouver son origine, mais il faut le faire. Sans quoi, vous devrez payer des droits d’importation. »
Quelques liens utiles :
- L’outil ROSA
- Déclaration d’origine (p. 482)
2. Préparer les contrôles douaniers
Les contrôles douaniers seront appliqués par étapes. Notez déjà le 1er avril dans votre agenda, car à partir de cette date, les contrôles s’appliqueront aux produits d’origine animale ou végétale. Thomas Pirard : « Pour ces produits, vous devrez effectuer une pré-déclaration à partir du 1er avril. Pour ce faire, vous pouvez demander les documents et certificats à l’AFSCA. Notre conseil ? Informez-vous dès maintenant pour savoir de quels certificats vous aurez besoin. »
Sur ce site, vous trouverez un aperçu complet du moment où les contrôles douaniers entreront en vigueur.
3. Affinez vos Incoterms
Vous n’avez peut-être jamais pratiqué d’échanges commerciaux avec des clients de l’UE. Il y a donc de fortes chances que vous n’ayez jamais eu affaire aux Incoterms auparavant. Il s’agit d’accords sur la responsabilité des échanges internationaux. Autrement dit : quelle est la responsabilité de l’acheteur, et quelle est celle du vendeur. « On parle ici du transport, de l’assurance, du paiement des droits d’importation et des frais de douane. Si vous envoyez des produits à des clients britanniques, vous devez reprendre les bons Incoterms dans vos conditions de vente », précise Thomas Pirard. « Dans un contexte B2C, il est primordial d’entretenir de bonnes relations avec la clientèle et, en tant qu’entreprise, vous devrez peut-être supporter la responsabilité jusqu’au bout de la chaîne. Raison pour laquelle les boutiques en ligne utilisent souvent l’Incoterm DDP (delivery duties paid). » Le DDP est l’option la plus confortable pour le client, mais elle implique une bonne dose d’administration supplémentaire. Pour vous aider, vous pouvez faire appel à votre partenaire de transport.
Outre le DDP, de nombreux magasins en ligne optent pour le DDU : delivery duties unpaid. Ce qui veut dire que le paiement des taxes et droits est à charge de votre client.
Comme vous pouvez le constater, une communication claire sur vos Incoterms est essentielle pour éviter toute discussion.
Quelques liens utiles :
4. TVA sur les envois de moins de 125 livres sterling
La TVA est une affaire plus complexe, malheureusement. Vous devez prendre un numéro de TVA britannique dans les deux cas suivants :
- Si votre boutique en ligne vend directement aux consommateurs britanniques et que la valeur de l’envoi n’excède pas les 125 livres sterling. Ici, les frais de transport ne sont pas inclus. Si la valeur est inférieure à ce montant, le vendeur est responsable de la TVA et doit prendre un numéro de TVA au Royaume-Uni. « Il faut en faire la demande en ligne et beaucoup d’entreprises ne le savent pas », constate Thomas Pirard. « Dans ce cas, vous devez également mentionner la TVA sur votre facture de vente. »
- Vous disposez d’une market-place en ligne ? Vous devez alors également prendre un numéro de TVA britannique. Vous pouvez le faire ici.
5. N’oubliez pas de demander votre numéro EORI britannique
Un numéro EORI est un numéro d’identification douanière. Avant le Brexit, vous n’en aviez pas besoin parce qu’il n’y avait aucune procédure douanière à suivre pour les envois vers le Royaume-Uni. Vous pouvez facilement demander votre numéro EORI en ligne. C’est une obligation, car sans numéro EORI britannique, vous ne pouvez pas déclarer vos importations au Royaume-Uni et vos produits ne seront pas autorisés à y entrer.
Vous trouverez de plus amples informations sur le numéro EORI ici.
Vous pouvez le demander en ligne ici.
6. Pensez à votre politique sur les retours
Thomas Pirard : « Si vous avez l’habitude de vendre dans l’UE et que les colis sont retournés – ce qui arrive très souvent –, il n’y a pas de problème. Maintenant, si vos clients britanniques veulent retourner leur colis, il doit repasser par la douane. Vous devez donc bien réfléchir à votre politique relative aux retours afin qu’elle soit aussi simple que possible pour les consommateurs. Pensez à des étiquettes pré-imprimées, travaillez en étroite collaboration avec un transporteur local… Il est important que vos clients ne se retrouvent pas dans l’impossibilité de renvoyer leurs colis. Une bonne politique de retour est l’une des raisons pour lesquelles vos clients choisiront votre boutique en ligne. Et le Royaume-Uni est un marché important pour nos détaillants belges », souligne Thomas Pirard.
Vous le voyez, commercer avec le Royaume-Uni est en effet plus complexe qu’auparavant. Mais certainement pas impossible ! Il y a même un côté positif à ce Brexit. Grâce à l’expertise que vous acquérez aujourd’hui par le biais de vos échanges avec un pays hors de l’UE, vous avez la possibilité de voir plus loin et d’explorer de nouveaux marchés. Et d’ainsi ouvrir votre boutique en ligne au marché international !